L’interminable crise immobilière du monde virtuel de « Final Fantasy XIV »


En 2017, Synahel a reçu un tuyau sur une offre immobilière. Le terrain d’un ami allait bientôt être libéré et remis sur le marché, et elle a profité de l’occasion pour s’en emparer dès sa remise en vente. Quelques mois plus tard, elle s’est servie de cet investissement pour échanger son terrain et emménager à Shirogane, un des quartiers résidentiels les plus en vue du moment, situé dans la ville de Kugane. Si ces noms ne vous disent rien, c’est normal : cela signifie simplement que vous ne jouez pas à Final Fantasy XIV, un des jeux de rôle les plus populaires de la planète.

Le jeu de Square Enix s’est taillé, ces dernières années, une solide réputation dans le monde des MMORPG (jeux de rôle en ligne massivement multijoueur). On peut y suivre une aventure au scénario acclamé par la critique, affronter des monstres mythiques en équipe, fabriquer des armes de haut niveau à l’aide d’un artisanat poussé… et entretenir le jardin devant sa maison personnelle.

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La maison achetée à Shirogane, le quartier le plus en vue de « Final Fantasy », par Synahel en juin 2018.

Les grands ensembles de Shirogane

Pour construire sa maison dans ce monde fictif, il faut avoir un certain niveau dans le jeu, se rendre dans l’une des zones résidentielles et acheter un terrain. Cet aspect de l’expérience est tout à fait anecdotique et essentiellement décoratif. Mais les MMORPG sont des jeux prenants et chronophages, avec un fort attachement émotionnel à un univers dans lequel on peut passer jusqu’à plusieurs milliers d’heures. « Il y a une certaine obsession autour de ça parce qu’on a quand même envie d’avoir son chez-soi dans le jeu », explique Synahel. De manière générale, les jeux vidéo qui permettent de créer son foyer, le plus souvent libéré de certaines contraintes matérielles du monde réel, sont aussi une échappatoire pour les urbains vivant dans des zones sous tension. C’est pourquoi on retrouve ce système dans de nombreux jeux, comme ArcheAge, Ultima Online ou encore New World (édité par Amazon).

Mais, dans le cas de Final Fantasy XIV, il y a, sur chaque serveur auquel les joueurs peuvent se connecter, seulement sept mille deux cents lopins de terre, soit bien moins que de potentiels acheteurs : en Europe, par exemple, les serveurs comptent en moyenne dix-sept mille joueurs de haut niveau, selon un recensement non officiel, un déséquilibre qui persiste depuis de nombreuses années. Certains se contenteront donc d’occuper une chambre dans une maison de guilde – un terrain appartenant à des groupes de joueurs ayant fait alliance – ou de posséder un terrain de petite taille, quand d’autres voudront construire leur manoir dans l’un des lieux les plus recherchés du quartier. Et là, la bataille est rude.

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